Banca de DEFESA: RAFAEL ALVES DE OLIVEIRA

Phonétique et phonologie de la langue Aikanã

Mots clés : Phonologie. Phonétique. Nasalité. Pitch-accent. Langue Aikanã.

Cette étude vise à décrire et analyser la phonologie segmentaire et prosodique de la langue Aikanã, ayant pour base les théories formalistes en Phonologie. On estime que l’Aikanã est parlé par environ 250 autochtones, dans une communauté de 400 personnes qui vivent principalement dans deux territoires autochtones situés dans la région sud-est de l'État brésilien de Rondônia, où ils forment la majorité ethnique. Le corpus d'analyse de cette étude est composé d'environ 180 heures de données orales recueillies in loco, auprès de 10 individus, dans la Terre Indigène Tubarão-Latundê. Pour l'investigation systématique de la phonologie Aikanã, cette étude est divisée en six chapitres. Le Chapitre 1 présente les caractéristiques ethnohistoriques et sociolinguistiques du peuple Aikanã, une révision bibliographique des travaux linguistiques dans le domaine, des enjeux méthodologiques et éthiques de la recherche, ainsi qu'un aperçu de la morphologie qui montre que l'Aikanã se comporte morphologiquement comme une langue agglutinante à tendance à la polysynthèse (VAN DER VOORT, 2011 ; 2013, 2015 ; VAN DER VOORT ; BIRCHALL, 2020). Le Chapitre 2 se concentre sur les propriétés phonétiques-articulatoires et distributionnelles des voyelles et des consonnes. Dans ce chapitre également, la structure syllabique, la syllabification et les processus phonologiques associés y sont présentés, en mettant l'accent sur les cas de coalescence, de mutation vocalique, d'élision, d'allongement et de formation de glissements et de diphtongues identifiés comme des ressources pour éviter les séquences vocaliques hétérosyllabiques. Ces processus ainsi que d'autres processus phonologiques sont analysés selon la géométrie des traits (CLEMENTS ; HUME, 1995). Dans le chapitre 3, une étude phonétique-articulatoire basée sur des méthodes de palatographie statique et de linguogramme, dans le but de discuter du statut phonétique-phonologique des coronales antérieures, soutient la proposition selon laquelle les traits [distribué] et [antérieur] sont importants pour la spécification de cette classe dans la langue. Dans le Chapitre 4, une analyse phonético-phonologique de la nasalité a montré que [+nasal] ne se propageaient qu’aux segments spécifiés pour [+voisé], un aspect qui permet de reconnaître une relation intrinsèque entre nasalité et voisement dans cette langue. En ce qui concerne l'accent, une étude phonético-acoustique réalisée au Chapitre 5 a révélé que seul F0 était pertinent dans la comparaison entre voyelles avec et sans accent, ce qui indique que l'Aikanã est une langue qui suit le modèle d'accent du type pitch-accent (BECKMAN, 1986 ; VAN DER HULST, 2011). Le chapitre 6 entreprend une discussion sur la phonologie de l'accent pour la classe des verbes et des non-verbes, montrant que l'accent est libre, contrastif, insensible au poids des syllabes et pas limité. En termes distributionnels, il y a une tendance à marquer l'accent lexical dans les morphèmes accentués plus à gauche du mot, ou, selon les relations de dominance (cf. HALLE ; VERGNAUD, 1987a, b), il peut aussi être attribué au morphème accentué à droite du mot.